La WAG et le 12éme art : nouveau site internet

Salut les amis,

• Samedi 19/09, c’était le lancement officiel du site internet de la WAG (Watch Art Gallery) : http://wag-geneva.org/

Philippe Sitbon, accompagné de Sophy Rindler, Denis Asch, Jean-Marc Wiederrecht et de quelques autres présentent  un nouveau concept de communication multi-support basé sur une galerie d’art. Si les marques, notamment Greubel Forsey et Max Busser ont déjà tâté de la galerie d’art, c’est la première fois que c’est un argument axial d’une expo multimarque semi-permanente.

La WAG (physique) est située à Genève à deux pas de la gare Cornavin, son emplacement est parfait notamment lors du SIHH, mais n’est peut-être pas le meilleur emplacement en temps normal. Gageons qu’en se développant la WAG va ouvrir des succursales, tout d’abord à l’Heure Asch puis en Asie et aux Amériques.

Leur nouveau site internet, va être dans un premier temps, le fer de lance de cette nouvelle vision de la communication et même de l’horlogerie dans son ensemble.Pour l’avoir parcouru assez longuement, c’est très léché (presque aussi beau que Foudroyante, c’est vous dire), avec pas mal d’animations innovantes, notamment dans la section complication et marques.

On pourrait lui reprocher d’être un peu trop dans le trend actuel des sites horlogers (site blanc + rouge), néanmoins il se différencie grâce à des couleurs chaleureuses, l’emploie de crème et de beige, et des sections lexique et histoire assez bien faites, composées d’articles courts.

Le cœur du concept, au-delà du site, c’est le 12éme art, l’art horloger (les autres étaient déjà pris et comme il y à 12 heures dans une montre…).
Sur le fond, je suis d’accord à 10000% l’horlogerie, c’est de l’art, ça ne fait aucun doute, tant parfois, certains Garde-temps m’ont submergé d’un flot émotionnel irrépressible.
Mais le mot art, c’est comme l’intelligence, personne n’est capable d’expliquer clairement ce que c’est, donc tout le monde s’en pense doté.

Pour moi, l’art (oui, je me veux artiste entre une partie de jeux vidéo rétros et un tartinage sur l’autoroute), c’est

« l’élaboration artisanale d’une création qui capture le Zeitgest »

Ce qui exclut de la notion d’art une bonne partie de la musique et des productions audiovisuelles tant ce n’est que des écrans de fumée aux relents scatologiques.

L’équipe de la WAG fait le distinguo entre critères d’admissions et les spécificités de l’art horloger (je vous laisse découvrir tout cela sur le site de la WAG).
J’y ajouterais pour avoir une vision plus cinématographique du 12éme art (par opposition à photographique), les « spécificités » suivantes :

Les finitions : justement : « Dieu a créé les hommes, Colt les a rendu égaux » que l’on pourrait transcrire en « Dieu a créé les horlogers, la meule de buis les a rendu égaux ». Lorsqu’on a une Philippe Dufour Simplicity en main, on comprend immédiatement que c’est de l’art.

Philippe Dufour Simplicity & Voutilainen GMT6 Only Watch

L’harmonie : les montres les plus réussies sont souvent aussi des pièces avec une cohérence d’ensemble indéniable.

Patek Philippe 1518 & De Bethune DB28 Digitale

L’innovation : par exemple, les créations de MB&F sont ultras novatrices sans nécessairement être très élaborées mécaniquement, pareil pour HYT…

La Tudor Pelagos et son bracelet titane ultra novateur & l’affichage novateur à grands guichets de la Lange Zeitwerk

Le Zeitgest, présent, passé et futur : certaines montres, comme la Lange Zeitwerk, des créations De Bethune, ou même des récentes Tudors, ont la capacité incroyable d’être le condensé d’une tendance, d’une idée qui était dans l’air du temps, mais que personne n’avait réussi à encapsuler dans le boitier d’une montre

Deux montres qui représentent le modèle économique du futur, design novateur, prix réduits et maximisation à tous les niveaux, MB&F HMX et VicenTerra GMT3

Les boîtiers : les trois marques les plus « bankables » aux enchères doivent notamment leur succès à leurs sublimes boitiers : Patek, Rolex & Panerai. La réussite d’un boîtier est un critère constitutif de l’art horloger.

Le plus beau boitier de l’horlogerie actuelle, le boitier « 1940 » de la PAM587 & le boitier le plus iconoclaste du marché, la Hautlence Vortex

Lorsque Philippe m’a présenté le site, je me suis demandé « est-ce bien pertinent d’enfermer l’art horloger dans des critères et autres spécifications ? » Spontanément, j’ai envie de répondre non, les carcans, c’est mal, c’est mon côté mec de gauche de 20ans.
Mais en seconde analyse, c’est vrai que lorsqu’on observe l’escroquerie de l’art contemporain, on ne peut que regretter que les critères des beaux-arts traditionnels n’aient pas été respectés (c’est mon côté Clemenceau de 40ans).

Traditionnellement, avant d’avoir le droit de toucher une toile, on portait la palette du peintre et on mélangeait ses couleurs pendant 10ans, c’était un peu long, sévère et rigide. Mais au moins cela garantissait un certain respect de critères qualitatifs et évitait l’émergence d’excréments peints en rose, présentés comme de l’art (contemporain)…

• Or, si l’on veut que l’horlogerie existe par-delà le fric et l’égo (le « prestige »), ça sera par l’art et la passion. D’où l’importance de l’initiative de l’équipe de la WAG.

Dans la sixième et dernière partie du sujet consacré à la crise horlogère actuelle, je reviendrai un peu sur l’idée d’art en horlogerie.

Enjoy la WAG.
A bientôt.
Malik.