Bonjour, bonsoir, sur internet…
Suite et fin de la revue du Chronomètre de Pascal Coyon.
Tout d’abord, et c’est le changement le plus lourd, les ponts et la platine sont totalement nouveaux. Il s’est inspiré de la découpe des ponts « serpentins » ou « rayonnant » du calibre Longines 19.70 (gros calibre savonnette de 1896 : 19 lignes (43.25mm), 7mm de haut, 16 rubis, 6 ponts, spiral breguet, 18000 a/h). Pour réaliser ceci, il a usiné avec sa commande numérique 60 platines et 300 ponts, cinq par Chronomètre…
Les ponts sont entièrement sablés et anglés. Le grainage est aujourd’hui une finition en voie de disparition, au profit, généralement, de côtes de Genève mal usinées. Comme Greubel Forsey, Pascal a fait un choix radical, qui met bien en exergue sa culture de la restauration.
Ce qui est étonnant, c’est qu’il est plus aisé de réussir un sablage que des côtes de Genève… Donc, dans une optique de réduction des coûts, c’est un choix absolument légitime. Double bonheur, d’ailleurs, avec la finition or rose.
Le Longines 19.70, crédit photo de droite : Ceasuri Romania
Ces ponts sablés s’accompagnent d’anglages main, bombés. Ici encore, c’est un choix traditionnel, plus facile à produire qu’un anglage parfait à 45° (comme le fait GF), et en même temps plus beau, selon moi…Ces anglages permettent de classer plus rigoureusement Pascal Coyon dans son secteur, pour établir ce petit classement personnel : j’ai travaillé avec du matériel photo 1:1 qui grossit optiquement de *2 a *5, et l’on peut encore rajouter le grossissement électronique, *5 ou *10. On arrive donc à des grossissements de *2 a *50, en moyenne du *20, difficile de rater des défauts de finitions, qui serait totalement invisibles à l’œil nu.
Donc pour ce classement informel et subjectif ; mon avis, c’est que Pascal Coyon boxe presque dans la catégorie des Pagès et Akrivia, et reste en dessous de Romain Gauthier et Kari Voutilainen pour leurs productions internes respectives. Ces deux derniers restant en dessous de Philippe Dufour (Pay da cost, 2 da boss).
Il faut établir plusieurs bémols à ce classement : d’une part Akriva, Pagès débutent sur le secteur, bien qu’ils proposent des produits plus élaborés. D’autre part, et c’est le facteur de le plus important, Pascal propose une montre 10 FOIS MOINS CHERE que ses concurrents.
Même sur une base Unitas, et avec un produit moins élaboré sur certains aspects, en termes de rapport qualité/prix, ça enterre tout ce qui a été produit depuis la fin des concours de chronométrie des années 60. En ce sens, la maxime «Le standard d’avant, c’est le haut de gamme d’aujourd’hui » est respectée.
Le calibre 1900 comporte trois angles rentrants, parfaitement exécutés sur des matières différentes, (deux sur les ponts en maillechort et un sur la plaque en acier). Pour sodomiser férocement les diptères, on aurait pu souhaiter que l’anglage bombé ait plus de surface, comme sur la Simplicity…
(NB : l’enculage de mouche est une discipline posant un problème cognitif à la gôche-bobo néo-bigote bien-pensante : d’un côté, l’enculage, c’est bien c’est progressif, de l’autre, s’en prendre à des animaux, c’est mal, c’est pas vegan. Que faire ? Vous avez quatre heures.)
Il faut aussi saluer le travail de Galvano du calibre 1900 C, réalisé en Suisse, celui-ci a préservé l’ensemble des finitions réalisées par Pascal et son équipe, les anglages sont toujours polis et les grainages toujours en relief.
Les rochets (la partie supérieure du barillet) sont finement olivés, et la raquetterie, les vis, et le cliquet d’arrêtage sont polis bloqués, sans défauts. Pour chipoter, les vis des rochets dépassent très légèrement, mais encore une fois, le prix est ici un facteur limitant.
Malgré cette contrainte, le système de réglage fin est d’un niveau de beauté rarement atteint dans l’horlogerie, Pascal a su se détacher du calibre 19.70 de Longines pour cette partie, en implantant un système à la fois beau et contemporain.
Si les principales modifications sont esthétiques, le calibre a aussi reçu des finitions mécaniques pour en faire un « Chronomètre » : à l’utilisation, on constate que le calibre est à la fois plus bruyant qu’un Unitas classique, et beaucoup plus doux à remonter : il a modifié le système de cliquet de l’Unitas, polis certaines zones de frottement pour arriver à ce résultat.
Ce volume sonore élevé, provient probablement de modifications apportées à l’ensemble d’échappement : le balancier a été remplacé par un modèle chronométrique, les pierres de contre pivot de la roue d’échappement ont été remplacées par des rubis olivés bombés, afin de diminuer les frottements et le système le pivot de la roue de centre a été repris.
Ces modifications ont permis d’obtenir que certain des Chronomètres, soient très chronométriques, avec des niveaux de précision proches du +1/sec jour. Le mien est juste dans les limites hautes du COSC, à savoir + 5-6/sec jour. En prenant la précaution de laisser dormir sur la tranche, la position plate engendrant une avance supplémentaire. Alors, oui, quelque part, je suis déçu, mais ceci nous prouve la difficulté de l’exercice chronométrique, en particulier avec un calibre basse fréquence comme un 6498. Je profiterais du changement de boîtier pour demander à Pascal un petit réglage avec moins d’avance, celle-ci étant particulièrement stable d’un jour sur l’autre (comme en tir sportif, le groupement importe plus que la précision vers le cœur de cible).
D’ailleurs, il est à noter, que le livret de l’Observatoire de Besançon, est juste en dessous en indiquant + 4.11. Car la montre est livrée certifié avec son livret rempli de manière manuscrite, indiquant les valeurs mesurées par l’Observatoire, comme, notamment, les Grands Seiko, ce qui est pour moi une « petite grande » valeur ajoutée d’un Garde-temps.
« Petit Grand », c’est d’ailleurs un bon qualificatif pour le projet de Pascal Coyon. J’entends très régulièrement, et de manière parfois sincère dans l’horlogerie : « on n’a pas d’argent pour le marketing ». Le marchéage, en Frouze, c’est l’art de la mise sur le marché d’un produit, ça comprend évidemment la communication, mais on l’oublie très souvent dans l’horlogerie, ça comprend également le positionnement tarifaire d’une montre.
En choisissant de partir très bas, Pascal s’offre la meilleure communication du monde : l’accessibilité du rêve, au lieu de le tuer, avec des prix comparables à ceux d’une voiture neuve.
Ainsi, la prochaine montre embarquant un calibre 1900, bénéficiera de meilleures finitions, du nouveau boitier, et sera facturée juste en dessous de 10000€ pour le modèle acier. Évidemment, ceci ne nous dit pas le prix du modèle suivant, qui sera probablement doté d’un autre calibre, encore plus élaboré et coûteux…
Puisque dans ma ligne éditoriale, j’ai fait des choix radicaux (contrairement aux médias perroquets), je ne bénéficie pas des nécessaires budgets publicité pour faire tourner le bouclard. Si vous voulez soutenir la création, me permettre de produire plus de contenus, de payer plus de déplacements et de matériel photo ; vous pouvez souscrire à mon nouveau projet, ou nous vous offrons l’occasion unique (et limité dans le temps) d’avoir une montre d’indépendant en météorite pour le prix d’une bonne plongeuse en acier…
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Malik.