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Philippe Dufour Simplicity : à la recherche du temps perdu : la mécanique et l’habillage 2/3

Le 2 janvier 2015
Malik
Malik "Pifpaf" Bahri
L'auteur.
Philippe Dufour Simplicity

Salut les amis,

Voici des détails sur la mécanique et l’habillage.

Philippe Dufour Simplicity Sujet 2 Legende - Copie

1) Spiral Breguet courbe Phillips : bleui

C’est le type de spiral haut de gamme classique. La courbe relevée par-dessus le spiral permet de corriger le défaut de concentricité (CAD son déploiement non « symétrique ») naturel d’un spiral qui s’étend naturellement du côté d’ouverture de ses spires.

La technologie est classique et le spiral ne bénéficie pas de finitions particulières (on ne touche pas à un élément aussi sensible) en dehors du bleuissage qui a été effectué lors de leur production.
Philippe procède au comptage et au levage de la courbe du spiral selon des techniques traditionnel, ce qui inclue le Spiromatic et projecteur de profil.

Leur particularité est de provenir de stocks des années 50. Durant les 60 ans passés dans des tiroirs, l’élinvar qui les compose a acquis une stabilité exceptionnelle,

ce qui fait que ces spiraux sont réglés à maturité, ce qui augmente la stabilité chronométrique autant que la longévité de l’organe réglant de la Simplicité.

2) Le balancier : stock vintage.

Le balancier qui équipe la Simplicité, à l’instar du spiral, provient de stocks de la vallée ; c’est un balancier de chronomètre à vis simple, certainement produit après-guerre.

3) Le pont du balancier : pas de raquette.

Ici, Philippe a opté pour un système sans raquette. C’est un choix qui me déconcerte un peu.

Certes, le système « free-sprung » est résolument haut de gamme, mais il est aussi déjà trop contemporain. Et j’ai un peu de mal avec cette intrusion moderniste dans une montre néo-classique.

Philippe a fait ce choix dans une optique de pérennité (cette volonté est par essence vintage, à l’ère de l’obsolescence programmée…). Dans un système avec raquette, les goupilles de ces dernières, qui maintiennent le spiral, cisaillent ce dernier progressivement. Cela génère des nanopoussières d’élinvar qui se mélange avec les huiles. Ce mélange rend le spiral un peu « collant » à terme, ce qui modifie ses réglages (plat/pendu).

Philippe Dufour SimplicityPhilippe Dufour Simplicity

4) Masselottes du balancier : conséquences du free sprung.

Comme il n’y a pas de raquette, la longueur du spiral est fixe. Le réglage fin est donc assuré au niveau du balancier. Il est doté de deux masselottes réglables. Celles-ci sont asymétriques : si on les tourne vers l’extérieur, cela augmente l’inertie le balancier, qui avance moins vite (max 90°). Vers l’intérieur, cela diminue l’inertie, le mouvement tourne plus vite (max 180°).

5) Pont d’ancre : circulaire.

Habituellement, les ponts d’ancre sont en forme de «C». Ici, Philippe a opté pour un pont d’ancre offrant une stabilité supplémentaire, grâce à sa forme circulaire qui répartit mieux les contraintes. Ce pont circulaire est posé et maintenu par trois pieds et trois vis, contre deux pour les pieds en forme de «C».

6) Cliquet apparent :

Dans une montre, le cliquet sert à bloquer le rochet (roue située au-dessus du tambour de barillet).
Ce dernier empêche le barillet de se dévider d’un coup sous l’impulsion de son ressort-moteur.

Dans les montres bracelet les cliquets sont en général ronds et montés sur un pivot. Dans le cadre de la Simplicité, Philippe a fait un choix résolument rétrograde en optant pour un ressort lame longitudinal. Cette pièce est assez longue à finir, elle demande une journée d’anglage et de polissage.

Le but de l’opération n’est pas passéiste, l’objectif était d’illustrer la phase de remontage. Un cliquet lame fait un saut à chaque dent du rochet et produit un beau son grave et chaud. Il faut voir ce cliquet comme une ligne d’échappement inox sur une voiture de sport, inutile techniquement, mais agréable auditivement et visuellement.

Philippe Dufour Simplicity

7) Inspiration du boitier : inspiration années 50-60

Durant son enfance, Philippe a dessiné lui-même cette boite, qui est la même que la duality. Les carrures du boitier sont arrondies, ce qui confère une finesse exceptionnelle à la Simplicity (le calibre est très fin) .Cette forme de boitier évoque également les montres de poche. Les cornes rapportées ultrafines ajoutent à la délicatesse du boitier, c’est presque trop selon mon goût.

La Simplicité n’a pas complètement échappé à l’inflation des tailles de boitiers. Elle est ainsi passée de 34mm à 37mm.
Cette augmentation de taille est une bonne chose, la 34mm paraît un peu perdue sur de gros poignets, comme le mien ou celui de Philippe.

Avec 37mm, la Simplicité reste une petite montre, mais aux proportions parfaites, un peu comme Megan Fox ou dans un autre genre Romy Schneider …

D’ailleurs, Philippe nous le confirme : «J’ai fait des essais à 39mm, mais ça n’allait pas, ça ne respectait plus le nombre d’or, 38mm c’est déjà trop».

Philippe Dufour Simplicity

8) Le cadran : sous-traité.

Philippe a conçu la simplicité pour qu’elle soit intemporelle tant du point de vue technique (je parle bien de techniques de finitions), qu’esthétique.
L’esthétique du calibre reste indétrônable, le niveau de finition d’une Simplicité reste le summum, à peine égalé par de très rares maisons telles que Greubel Forsey.

Par contre, l’esthétique de l’ensemble boitier/cadran accuse le coup des 20 ans. Philippe à solutionné le problème du boitier en proposant un 37mm plus d’actualité.

Mais le design du cadran guilloché (produit par Metalem, que Philippe a choisi pour leur longévité), n’a pas évolué depuis le début et celui-ci accuse son âge (en terme de design, en terme de longévité, ils sont protégés par une couche de Zapon). Il existe en deux versions : argent et ardoise ; j’ai une préférence pour cette dernière version, qui se combine à merveille avec le boitier or rose.
Pour un boitier en métal blanc (choisissez du platine, soyez fou), le cadran laqué apparu sur le tard constitue un must-have (sans doute la plus belle version de la Simplicité, dans le sens où c’est la plus épurée).

au sujet de ce dernier cadran. Celui-ci n’était pas prévu au départ…

J’ai bien écrit laqué et non pas émaillé,

Et Philippe a dû composer avec des contraintes d’emboitage liées à l’épaisseur des cadrans email. Pour en incorporer un, il aurait été contraint à revoir le design du boitier, donc l’équilibre de la montre.

Cela dit, la laque utilisée sur la Simplicité est bluffante tant elle est terne, comme de l’email. Malgré cette entorse au purisme, je pense que la version cadran laque/métal blanc est un parangon de minimalisme.

Philippe Dufour Simplicity

  • Le meilleur pour la fin, avec les finitions.
    Malik.

Philippe Dufour Simplicity