" When the going gets weird, the weird turn pro." Hunter S. Thompson
Analyses
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Rediffusion : Panerai SIHH2011

Le 24 septembre 2018
Malik
Malik "Pifpaf" Bahri
L'auteur.

Salut les amis,

Alors, dans le cadre d’un article sur le changement de direction de l’OP (qui devrait dépasser les 20000 caractères, en 2-3parties), je vous rediffuse des anciens sur l’OP parus sur d’autres sites, car il aurait été trop long de les détailler dans ce long sujet à venir.

Comme je suis « Monsieur + », j’ai ajouté quelques commentaires en bleu, afin de débriefer le débrifing du SIHH2011 de Panerai, une débriefception en quelque sorte.

2011 :

Bon, comme est tous adultes (autant que peuvent l’être des Paneristis) et consentants, je vais écrire l’article à l’envers, la conclusion, puis les points de détails. Tellement la conclusion va de soi.

Ça fait 9 mois que je suis planqué dans ma grotte, dans les montagnes, sur les hauteurs de Palexpo.
Que je le devine, que je le présume, que je le guette ce SIHH.

Ça fait un moment que je vous tartine les oreilles, avec ma théorie sur l’age d’or de Panerai, je sens bien que certains étaient septiques, voire dubitatifs (je n’ose dire hostiles).
Pourtant, l’évidence est là, je viens d’assister au plus beau SIHH de Panerai.
J’ai constaté la monté en puissance des SIHH depuis 3ans, en 2008, ce n’était pas évident, mais au travers de la 311, on sentait une volonté de faire du mieux, ça c’est précisé progressivement, la 305, la 341, même si importable, elle confortait une volonté de coller aux standards vintages.
Puis l’année dernière, avec les géniales 339 et 300, cette volonté devenait patente, pour les plus fins observateurs, vous remarquerez que j’avais salué assez bruyamment l’avènement du P.3000.

J’étais encore sympa à l’époque, en fait, après le vautrage de la croissance quantitative et la saturation du marché par les boitiers Bettarinis, il fallait trouver d’autres terrains de croissance…

Je savais que ça allais envoyer le steak cette année chez Panerai, d’autant que le SIHH, à l’exception notable de VCA (j’ai raté Lange, j’y reviens plus tard), est assez pauvre en nouveautés croustibat cette année, et même dans les hôtels, à part la géniale Héritage Watch Manufactory de Frasdorf/Giroud et la nouvelle De Déthune DB25 seconde morte, y a rien à se mettre sous la dent.

Depuis HWM est morte, Frasdorf c’est perdu dans les sables… De Bethune, malgré toute vraisemblance, n’a jamais vraiment décollée, et Zanetta a quitté le navire en laissant le gouvernail à Pierre Jacques et ses investisseurs… On va aussi revenir sur le cas De Bethune prochainement.

Dans un contexte aussi morose, ça met doublement en exergue le festival chez Panerai, et finalement, c’est trop, le seul défaut de cette année, c’est qu’il y a trop de montres indispensables. Même si le choix de la 372 est évident, il y a suffisamment de nouveautés indispensables, Panerai aurait pu surfer sur ces nouveautés pendant 5ans.
En une seule année, ils sortent plus de montres absolues que durant l’ensemble des salons précédents. Après avoir crevé la dalle certaines années, c’est la corne d’abondance.
Et je n’ai pas consacré assez de temps à certaines montres hier. J’arrive avec des amis croisé sur le salon, Emanuela enchaîne les Rendez-vous au taquet, du coup, je vais rater mon RDV avec Julie pour voir Lange, aie, victime collatérale. :'(
Surtout un grand merci à Emanuela de m’avoir supporté, je n’ai jamais été aussi enthousiaste, tendance maternelle, lors d’une présentation.

Avec le recul, je décris ici le problème de Panerai pour les années à venir : on est passé de l’ère de l’aridité totale, à l’ère de la surabondance… De la famine au happy meal…

D’abord, la nouveauté calibre, le P.3000, ce calibre, est le plus intéressant, produit par Panerai, depuis qu’ils prétendent (légitimement), faire de la manufacture.
Ce calibre est assemblé par les horlogers Panerai à l’usine de Val-Fleurier, conçus par Eric Lein. Avec des caractéristiques proches d’un Unitas, tant sa décoration que son gros balancier me font penser au travail de Karsten Frasdorf.
Basse fréquence 21600a/h (base 6 donc, comme le dénominateur commun de notre paradigme horaire), obligatoire avec un gros balancier (l’énergie consommée pour le démarrage, est démultipliée quand on monte en fréquence.), nous ramène à la chronométrie classique, petit regret, l’épaisseur, 5.3mm, contre 4 pour un Unitas.
L’épaisseur est due à la présence d’un double barillet, étant donné pour 72h, donc environ 80 réels, contre 56/60réels pour l’Unitas.

Petite note à propos des Wristshots (166 photos en 1 heure, je vais demander l’asile photographique à l’ambassade Nippone).
J’étais accompagné par un couple d’amis, Sonia et Richard qui a un poignet d’environ 16-17cm, contre 18-19 pour moi, il porte une chemise blanche avec bouton de manchette, et je porte la chemise bleu retroussé.
La prochaine fois, je viens en polos aux salons, ça évite de gâcher les photos pour les WS… ;)

On commence avec la 372, je pense qu’on l’a tous attendu assez longtemps, d’ailleurs, il va y falloir s’y faire à l’attente, parce qu’elle ne sera pas dispo avant 1 an, et ça va être l’année la plus longue pour beaucoup de Paneristi.
Panerai, depuis que je me suis intéressé à la marque (environ 5 ans), ça as été une série de tartes successives, le jour où je me suis pris la claque avec la 232, je devais attendre (2 ans!!) pour en reprendre une autre passant la 127 d’ide un jour difficile sur la péniche.
Même si les 339/300 m’avaient fortement impressionné l’année dernière, je n’étais pas non plus retombé en petite enfance.

Mais là, c’est la Panerai absolue, quand je l’ai passé j’avais la larme à l’œil, gentlemen, je n’aurais osé me vautrer dans des effusions lacrymales bien peu digne de mon standingue, mais j’étais quand même excité comme une pucelle à un concert de Tokyo Hotel.

Cette montre à tout, le boîtier est épais, même le fond est plus épais que sur les modèles « modernes », la carrure est relativement épaisse, l’arrête sur le boîtier lui confère une classe qui remballe tout ce qui peut se faire en boîtier coussin.
Ce boîtier, d’ailleurs, avec sa quasi-symétrie, est juste parfait, on oublie rapidement la lunette pour être hypnotisé par le plexi cheminé, qui conditionne une déformation du verre, et une vision du réhaut complétement différente de toutes les Panerai précédentes.
Ce plexi déforme à souhait le rehaut, et finalement celui-ci ne semble plus exister pour laisser une loupe béante au poignet, petit regret dans le cadran, autant le luminova vieillit n’est pas gênant, au contraire, autant, je trouve les chiffres un peu petit par rapport à la 232, par contre rien à dire à la police d’écriture, c’est gras, tant mieux, ça va mieux à cette montre épaisse.
La passer au poignet, c’est prendre un aller simple pour les années 40/50, impossible de revenir sur des Panerai plus modernes, j’ai l’impression d’avoir un fake Chinois de la bay avec ma 1938.
Toutes ces vintages que l’on admirait de loin, aux poignets des fortunés Paneristis Asiat ou Américains, on l’a pour une somme (presque) modique, sans la radioactivité qui tache, sans l’usure, sans les fakes (réels) Italiens et Allemands, en abondance, cette vintagitude absolue, que je pensais inaccessible (à 50 plaques, je monte sur une De Béthune, pas sur un fake contaminé au Radium), on peut l’avoir en abondance, à son AD du coin de la rue, sans le stress de la SL ou des exemplaires au compte-goutte. Les 3000 pièces à environ 7000€ semblant confirmé.

Effectivement, la 372 est le carton de Panerai de ces dernières années, bien que sa production totale depuis 2011, soit inférieure à la production annuelle d’une Daytona, montre ultra exclusive parait-il… La revue de détail.

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On passe ensuite à la 382, la 305 à boîtier bronze. C’est lourd, ça tache, c’est uber-viril, c’est bien. Au poignet, la sensation, malgré le look totalement scaphandrier de la montre, c’est de porter une montre de gladiateur, plus « dude » que ça, tu meurs !
C’est même plus sauvage comme sensation que la bomba à l’époque, et contrairement à la bomba, le confort est préservé.
Visiblement, vu le discours d’Emanuela, ils ont beaucoup étudié la question du bronze chez Panerai (notamment avec l’expérience Gefica), donc on peut présumé que le SAV gérera intelligemment les problématiques de boîtier, le bronze vieillissant différemment, suivant le porté et le porteur, chacune au bout de quelques mois sera pleinement personnalisé, de facto, donc pour rappel suivant l’usage, le bronze reste polis/devient noir ou turquoise, CF les bronzes chez vos grands-parents.
L’autre partie très digne d’intérêt, c’est le cadran vert, un peu trash d’ailleurs, ce qui n’en est que plus réjouissant sur une Panerai.
Un peu plus foncé qu’en photo, il convient mieux au boîtier de la 305, finalement, entre le bronze, et ce superbe cadran vert, je n’ai pas ressentis le vide du cadran de la 305, bref, c’est la plus belle sub sortit jusqu’à présent, et l’autre montre indispensable de ce SIHH 2011.

Ici l’autre carton intergalactique de Panerai, chose que j’avais été le seul à croire à l’époque (je m’étais déchirer sur les forums en annonçant un strato-carton à venir)… Dans le cadre de ces rediffusions préparatoires, je vais republier mon sujet sur la bronzo. Si la politique de SL des 372 et 382 avait été inversé, nul doute qu’aujourd’hui, on trouverait des 382 à 5k dans les annonces… Prochaine rediff : revue de la PAM382…

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La 375, la réplique quasi-parfaite de la 127, le calibre étant un poil plus épais (le calibre fait 1.3 mm de plus), la carrure est un poil plus épaisse, et la montre perd un poil de son charme, l’autre point que je regrette un peu est le côté quasi monochrome de la partie cadran/boitier.
Comme nous sommes gâtés cette année, je sodomise avec véhémence les diptères, car c’est en fait son principal péché, sortir en même temps que la 372.
Dans l’absolu, depuis John Rambo, la 127 boîtier noir est un gros fantasme de la communauté, et ce fantasme est pleinement assouvi, la montre est une réelle réussite, revêtement composite+ fantastique boîtier de la 127+index vieillis+saphir bombé, c’est une formule qui fait mouche.
Mais la plupart d’entre nous devront faire le choix entre ses trois premières montres que je vous présente.

Le fail de Panerai : la montre est finalement sortis avec 5ans de retard, dans une version sensiblement différente que celle tant espérés par les Ristis au visionnage de John Rambo (excellent film, que je vous recommande fortement, tant il est nihilistement bourrin, Nietzsche avec une Browning M2… Cannon d’assault, what else ?).

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La 373, Radiomir 47mm, boîtier platine, cadran 2533. Un autre gros fantasme qui arrive cette année, elle est à la hauteur de l’attente, le réhaut, me parait très différent de la 232, l’effet loupe, la police et le luminova vieillis font le reste du travail…
Pour la vintagitude totale, c’est très très beau, très très pur, très très cher, si le boîtier en platine se pose bien sur le poignet, il se pose mal sur le portefeuille, c’est bien dommage, mais il sera difficile à Panerai de leur reprocher ce choix de métaux, vu l’ampleur de la montée en charge qualitative et quantitative de 2011.
Petit regret esthétique, alors que la montre se veut totalement vintage, notamment au travers de ce fond épais et du plexi cheminé, la carrure est assez épaisse est assez peu conforme aux vintages, dommage.

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La 376, Radiomir 47mm, cadran Cali, toutes les remarques précédentes s’y appliquent, avec bien sûr un cadran Cali moins original, vu la qualité du produit et la cote d’un 249 d’occasion, la question de s’offrir un métal précieux se pose légitimement, surtout qu’elle n’est pas trop lourde et étanche à 100m.

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Enfin la 379, la même en or rose/cadran Panerai, elle est assez magique, mon fameux coté proxo de Bésbar qui parle, mais j’adore, c’est gros, c’est lourd, c’est en joncaille.
Celle qui a le moins de sens dans une collection, mais la plus amusante des 3 au poignet.

Ce boitier de rad v2  est définitivement trop dodu, et rien ne le justifie du point de vue la construction (il y à environ 1mm de différence d’épaisseur entre le P.3000 et l’Unitas 6497), ce choix est un grand mystère, mais il a contribué selon moi, au succès en demi-teinte des nouvelles Rads…

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La 368, une autre SL, gauchère, je dois vous avouer que je ressens rien pour les gauchères, mais je présume que pour les amateurs, c’est un must-have, là encore les caractéristiques suffisent à vous en donner envie, 47mm, titane, P.2002, saphir bombé, finitions nickel, l’épaisseur est relativement contenu de surcroît.

Sur le moment, ce n’était pas la montre la plus spectaculaire de ce SIHH2011, mais elle fit une carrière honorable, et vous pouvez même lire ce sujet mis gracieusement à votre disposition par la république socialiste du Pifpafistan (je me relis de longues années après : c’est très grave ce sujet).

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La 371 Regatta, la plus belle Regatta à être jamais sortie, à l’image de ce SIHH2011, un P.9000 GMT, un magnifique cadran bleu, qui habille de manière plus heureuse cette SL que l’usuel cadran noir de la 305 (qui prend un coup de vieux entre la 371 et la 382).
Le bleu est sensiblement le même que la Bomba 087 v2, notez le premier quart plus clair de la petite seconde, une très belle montre polyvalente, un must-have pour les collectionneurs de Regatta.

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La 345, dernière SL. Sachant que Panerai est une marque de niche, on est ici sur une montre de micro niche, dites niche de Chihuahua, tant les caractéristiques rares se recoupent dans ce modèle.
Gauchère, chrono titane, pas RdM linéaire, mais au dos, une nouveauté sur un P.200X (2004.9 , en l’occurrence), saphir plat, son gros défaut, pour une montre relativement coûteuse…

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La 380, comme le calibre (de flingue pas de JlC), une entrée de gamme terriblement efficace, ça sera l’équivalent de la Logo 000 pour les radiomirs, à moins de 3000€, Unitas, 45mm, le logo sur le cadran peint en légère dépression, petit regret, la ligne BlackSeal me parait de trop.
Le fond est plein, c’est très raccord avec l’esprit tool-watch originel. Efficacité.

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La 384, Radiomir 45mm céramique avec P.2002, sans surprise, je n’aime pas du tout, boîtier céramique qui ne va pas aux rads, calibre super épais qui la rend démesurément obèse, c’est sans doute la montre que j’aime le moins de ce cru.
Mais Richard, lui a adoré, comme quoi tous les goûts…

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La 386, la montre du buzz pré-Sihh, j’ai beaucoup de mal à lui trouver des qualités « buzzables », vu le défilé d’avions de chasse façon salon du bourget/eurosatory.
C’est une très honnête Panerai, une 312 composite, P.9000, elle m’empêchera pas de dormir, mais fera sans doute la joie du marché asiatique, qui n’est pas toujours pourvu de mon physique avantageux.

D’ailleurs, qui s’en souvient depuis ?

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La 369, Radiomir 42mm chrono (marché Asiat oblige), une montre comme aurait pu en faire Panerai il y a un 5 ans, c’est épais, pas folichon niveau finitions, et globalement sans intérêt, curiosité, un OPXXIII embarqué, un 2892 avec plateau de complication, je crois…

Calibre appelé 2894-2 chez ETA, mais après vérification, il s’agit bien d’un 2892 à plateau de chrono.

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La 356, Luminor boîtier Bettarini 44mm, Daylight, très bel hommage à la gamme Daylight, un film bien médiocre aura réussi à donner quelques montres intéressantes (comme le minable Judgement Night et sa BO délirante).
On pourrait y voir soit le chant du cygne des boîtiers Bettarini, soit un message subliminal adressée aux amateurs de boîtier Bettarini, du type, non, on ne vous oublie pas. C’est en tout cas la non 47mm que j’ai le plus apprécié de ce cru 2011.

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Epilogue : Panerai cartonne avec une des trois marques les plus intéressante de la wonder week, au côté de De Béthune et Heritage Watch Manufactory, alors que quasiment toutes les marques du groupe (à l’exception de VCA), font un SIHH en demi-teinte, Panerai réalise sa plus belle prestation en ouvrant grand les vannes de tous les désirs inassouvis des Paneristis.
Mieux, ils distancent sérieusement, en augmentant le niveau de finition générale et les choix esthétiques, tous ceux qui prétendaient faire du Panerai-like (B&R en tête).
C’est aussi un camouflet à tous les pisses-froid qui passaient leurs journées à se vautrer dans l’attaque vile et basse à l’égard de Bonati, même si c’est bien sur le travail d’une équipe personnifié dans le moustachu.
Finalement, le plus gros bémol, c’est que je les vois mal réaliser un aussi beau SIHH à l’avenir, à moins de sortir la petite Egyptienne, la grande en 47mm, la 339 anses droite (comme la contestée Ferretti), ainsi que la Submariner-like 47mm, la même année, le tour de force serait impossible à reproduire.
Enfin il ne faut pas pleurer, on a la chance d’être la génération de Paneristi qui vit en direct l’apogée de Panerai.

Depuis j’ai arrêté les présentations exhaustive, qui sont exhausting, pour me concentrer sur les montres les plus intéressantes… Ce qui caractérise ce SIHH, c’est l’arrivé des pièces lourdes, style 372 et 382, marquant ainsi LE tournant de l’histoire de l’OP-Richemont.

Puisque dans ma ligne éditoriale, j’ai fait des choix radicaux (contrairement aux médias perroquets), je ne bénéficie pas des nécessaires budgets publicité pour faire tourner le bouclard. Si vous voulez soutenir la création, me permettre de produire plus de contenus, de payer plus de déplacements et de matériel photo ; vous pouvez souscrire à mon nouveau projet, ou nous vous offrons l’occasion unique (et limité dans le temps) d’avoir une montre d’indépendant en météorite pour le prix d’une bonne plongeuse en acier